Ste-Anne-des Monts, le 14 juin 2018 — Réunis au Gîte du Mont-Albert depuis lundi, les regroupements régionaux d’organismes communautaires du Québec membres de la CTROC demandent à l’ensemble des partis politiques québécois de s’engager formellement à améliorer la situation vécue par les organismes communautaires autonomes en santé et services sociaux ainsi que ceux de l’ensemble des secteurs de l’action communautaire autonome. Après des années de promesses, la CTROC s’attend à ce que les partis politiques chiffrent leurs engagements électoraux pour le financement à la mission des organismes communautaires, qu’ils s’engagent à indexer annuellement l’ensemble des organismes en tenant compte des besoins réels de ceux-ci et qu’ils réinvestissent massivement dans les services publics et les programmes sociaux. Le mouvement communautaire attend donc de pied ferme les annonces des candidates et des candidats en cette période électorale.
Alors qu’en mars 2015, un sondage CROP pour le compte de La Presse nous apprenait que 4 Québécois.e.s sur dix rêvaient à l’élimination de la pauvreté comme projet de société, la situation politique actuelle ne tend pourtant pas vers ce but collectif.[i] Nous le constatons tous les jours, le système public peine à répondre aux besoins exprimés par la population. Les programmes sociaux québécois permettent de diminuer les inégalités sociales et visent une meilleure répartition de la richesse. « Nous souhaitons que l’État soit renforcé dans sa capacité à soutenir les citoyen.ne.s par un filet social diversifié. Voilà, un idéal qui répondrait aux aspirations de bon nombre de Québécois.e.s. » affirme Émilie Saint-Pierre, co-porte-parole de la CTROC.
Or, investir dans le communautaire et les services publics, c’est faire le choix de soutenir les Québécois.e.s, tout en solidifiant notre filet social, effrité par les nombreuses réformes en santé et dans les autres secteurs. Soutenir les travailleuses et travailleurs du communautaire, c’est également soutenir économiquement un secteur d’activité trop souvent négligé qui contribue pourtant davantage au PIB que le secteur de l’extraction minière, selon la Direction de la recherche du MESS[ii]. On rappelle que c’est à l’unanimité que l’Assemblée nationale avait adopté une motion soulignant l’apport des organismes d’action communautaire autonome et demandant au gouvernement de rehausser le financement des organismes d’action communautaire autonome. Une récente étude souligne d’ailleurs que la population appuie à 84 % ce rehaussement.[iii]
Cette considération pour l’action communautaire autonome doit également se traduire dans les travaux administratifs du gouvernement, alors même que le ministère de la Santé et des Services sociaux prépare une réforme du Programme de soutien aux organismes communautaires. Puisque ce programme joue un rôle majeur dans la stabilité des groupes, la CTROC nomme l’importance que ce processus de révision tiennent compte de la réalité des organismes communautaires autonomes, qu’ils respectent les travailleurs et travailleuses, les administrateurs et administratrices ainsi que les membres des organismes en donnant un temps suffisant pour participer pleinement à la consultation et qu’ils reconnaissent à sa juste part le travail des regroupements dans l’appropriation collective des modifications souhaitées par le MSSS au PSOC. « La CTROC souhaite donc que le MSSS soit prudent dans sa réforme du programme afin que cette dernière se déroule dans l’harmonie et le respect des pratiques historiques qui se déroulent entre le MSSS et les OCASS depuis plus 30 ans. » souligne Hugo Valiquette, également co-porte-parole de la CTROC. « L’objectif doit être un renforcement de l’action communautaire autonome et non pas un processus visant à fragiliser des organismes qui peinent, faute de financement adéquat, à réaliser pleinement la mission que ce sont donnés les citoyen.ne.s pour répondre aux besoins de la communauté qu’ils ont identifiés. » de continuer Émilie Saint-Pierre.
Les membres de la CTROC reconnaissent que le gouvernement a fait des efforts au cours des deux dernières années en augmentant sensiblement le financement à la mission des organismes. L’augmentation de 27 millions en deux ans pour les 3000 organismes en santé et services sociaux au Québec reste minime face aux besoins exprimés mais elle est appréciée car elle était absolument nécessaire. « La CTROC espère donc que le futur gouvernement sera à l’écoute des besoins des organismes. Nous serons là pour rappeler au futur titulaire du ministère l’importance de l’action communautaire autonome », affirme Hugo Valiquette.
« Unis dans la campagne Engagez-vous pour le communautaire, les organismes exigent une injection de 475 millions pour financer adéquatement leur mission et espèrent les voir dans tous les programmes des partis politiques », résume Émilie Saint-Pierre.